19 décembre 2015

Un filon nommé amiante

Catégorie : BTP, Développement durable

Depuis bientôt vingt ans, l’amiante est interdite en France. L’éradication de ce matériau se pratique dans des conditions réglementaires de plus en plus strictes. Cette somme de contraintes représente en fait une opportunité pour une filière très spécialisée du bâtiment.

Tout secteur professionnel dynamique et organisé se doit d’avoir son salon. Un signe : le premier salon des Professionnels de l’amiante s’est tenu le 15 décembre dernier à l’Espace de la Grande Arche à Paris-la Défense. Une centaine d’exposants – diagnostiqueurs, laboratoires, fournisseurs de matériels et d’équipements de protection, organismes de certification, centres de formation, etc. – se sont retrouvés pour échanger pendant une journée autour des solutions et perspective de leur marché.

Aujourd’hui,  près de vingt ans après l’interdiction en France de ce matériau (1997), la filière amiante à le vent en poupe. Elle est à présent constituée de professionnels, experts de haut niveau, dans la détection et le retrait de l’amiante. « Notre métier est sans aucun doute définitivement devenu un métier d’ingénierie du risque », estime Michel Bonfils, le nouveau président du SYRTA (Syndicat du retrait et du traitement de l’amiante et des autres polluants).

Un niveau d’exigence multiplié par dix

Au fil des années, le dispositif contre l’un des plus grands fléaux sanitaires de la fin du XXe siècle n’a cessé de s’enrichir (ou de s’alourdir, selon le point de vue où l’on se place) de normes et de réglementations. Dernier en date, le décret du 29 juin 2015 vient de renforcer les exigences d’un précédent décret, lui-même extrêmement contraignant, pris en 2012 dans le sillage du « Grenelle de l’environnement ».

Maintenant, la valeur maximum d’exposition des professionnels doit baisser de 100 à 10 fibres d’amiante par litre d’air. Pour tous ceux à qui cela paraît encore très abstrait,  il faut retenir que l’exigence (déjà rigoureuse), se voit ainsi multipliée par dix, ce qui entraîne toute une batterie de précautions techniques supplémentaires pour les entreprises impliquées dans le désamiantage, dès lors que la moindre trace de la matière toxique est attestée dans un chantier : diagnostics renforcés, analyses, plan de retrait, port de combinaisons étanches, etc. Cette technicité accrue fait l’affaire d’entreprises bien organisées et capables d’investir.

D’autant plus que sur le plan des ressources humaines, afin de renforcer le suivi des intervenants et la traçabilité des risques, la loi oblige aussi les professionnels du désamiantage à n’employer que des salariés en CDI et d’assurer des parcours de formation renforcés. Exit les démolisseurs, voici les déconstructeurs experts !

Un potentiel de trente années de commandes

Selon les objectifs de la récente loi, dite de la Transition énergétique, il devrait y avoir  500 000 rénovations lourdes de logements par an, afin d’atteindre à l’horizon 2050 le tout-BBC (bâtiments basse consommation). Ce volontarisme législatif pourrait garnir pendant deux ou trois décennies les carnets de commande des professionnels du désamiantage. Car l’immense majorité des constructions antérieures à 1997 est touchée par la présence de ce matériau, sous une forme ou une autre. En définitive, un isolant d’un autre âge va peut-être contribuer à réchauffer l’activité économique du BTP d’aujourd’hui et de demain.

Jean-Louis Langlois
Journaliste

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