24 juin 2014
Catégorie : Imprimé vs digital
Voici des études qui n’avaient pas forcément vocation à se rencontrer. Mais leurs analyses convergent de façon saisissante et démontrent qu’univers digital et univers physique sont faits pour se compléter. Et cela qu’il s’agisse de commerce de biens matériels ou de diffusion d’informations. « En-ligne » et « En-vrai » n’ont pas fini de se chamailler, mais forment déjà un couple solide. Bien parti pour durer.
1- « Le magasin n’est pas mort ! » plaide Catherine Barba. Sa publication soutenue par la Fevad (580 entreprises impliquées dans le e-commerce), par la direction générale de la Compétitivité de l’Industrie et des Services, par la Banque Populaire, analyse les nouveaux parcours d’achats des clients « mutants » d’aujourd’hui.
Il en ressort que l’e-commerce, loin de rendre obsolètes les magasins physiques, enrichit au contraire la qualité de la relation client. « Plus de neuf consommateurs sur dix se rendent sur Internet avant de consommer, quel que soit le canal d’achat utilisé », mentionne Catherine Barba.
« Il se crée deux sites e-commerce par heure en France ! Et en majorité par des commerçants qui misent sur la complémentarité des magasins et Internet », révèle l’étude qui pointe également qu’aux Etat Unis « les pure players [NDLR : les opérateurs qui n’existent que sur Internet] se marginalisent : hors Amazon, Vistaprint et Netflix, les sites de vente en ligne, sans point de vente physique, ne représentent que 10% du chiffre d’affaires global du Top-100 e-commerce ».
2- Les marques de presse [papier] représentent 90% des marques média sur internet et 86% d’audience sur les mobiles révèle la 3e étude « Print+Web » (2013) du SEPM, syndicat professionnel qui représente une centaine d’éditeurs et plus de 500 titres de la presse magazine française.
Dans sa précédente livraison (2012), l’étude SEPM avait déjà démontré comment « le digital activait la relation lecteur » et « l’ouvrait à de nouvelles conversations autour de l’éditorial ».
Le transfert de valeur entre les marques de presse et leur expression numérique fonctionne à plus de 95 %. En clair, plus la confiance est installée dans l’univers physique, mieux elle se démultiplie dans l’univers digital.
L’institut Ipsos dans une étude pour le groupe de presse Condé-Nast (Vogue, AD, Glamour, GQ) aboutit à des observations similaires : « Le magazine est fondateur des valeurs de la marque » et il en est « le ciment ». Quant au digital, il « amplifie l’audience, nourrit la marque, renforce la relation ».
A l’heure du shopping comme à celle du feuilletage, les nouveaux usages prospèrent. Les défis que doivent relever le commerce de détail et la presse se ressemblent à bien des égards. Dans les deux cas, le virtuel bouscule, mais ne tue pas.
Le physique et le digital sont donc durablement embarqués sur un même bateau. Aucun ne devrait tomber à l’eau si le commerçant avisé sait bichonner son « client mutant » et si l’éditeur et le journaliste avisés parviennent à publier au rythme de leur « lecteur mutant ».
Jean-Louis Langlois
Journaliste
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